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Vendredi 18 novembre 2022 L’avocate iranienne Nasrin Sotoudeh lauréate du prix Robert-Badinter

Texte de l’article de la PNM (Presse Nouvelle Magazine)

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Article de la PNM (Presse Nouvelle Magazine)

Cette justice d’élimination, cette justice d’angoisse et de mort, décidée avec sa marge de hasard, nous la refusons . Jamais ces paroles de Robert Badinter, ancien garde des sceaux, n’auront mieux prouvé leur justesse que parmi les 1500 délégués venus de 128 pays à Berlin du 15 au 18 novembre 2022 à l’occasion du 8e Congrès mondial contre la peine de mort.

Au vu de la situation que la population iranienne endure du fait de la répression sanglante (au moins 416 morts dont 51 enfants) menée par le régime de la République islamique depuis la mort de Mahsa Amini le 16 septembre 2022, les congressistes ont attribué pour a première fois le Prix Robert-Badinter à Nasrin Sotoudeh, avocate iranienne et militante des droits de l’homme .

Christine Taubira, l’ancienne garde des Sceaux, a remis ce prix à Mahmood Amiry-Moghaddam , directeur de l’ONG Iran Human Rights , l’avocate iranienne n’ayant pu faire le déplacement.

L’Iran détient le record du pays qui a le taux d’exécutions par habitant le plus élevé : durant les dix premiers mois de 2022, 448 personnes ont été exécutées. En 2021, 333 exécutions ont eu lieu.

Plus de 5000 personnes personnes sont actuellement détenues dans les couloirs de la mort. Et plus de 15000 manifestants ont été arrêtés dont 6 ont été condamnés à mort.

L’Iran figure parmi les 5 pays qui exécutent le plus dans le monde avec la Chine, l’Egypte, l’Arabie Saoudite et la Syrie.

Pour Raphaël Chenuil-Hazan, directeur général d’Ensemble contre la peine de mort (ECPM), ONG organisatrice du congrès, le but (du congrès) est de créer le moment politique pour porter la question de l’abolition de la peine de mort auprès des acteurs politiques de pays qui ont toujours la peine de mort.

Il s’est félicité des signaux venant du contient africain annonçant que, d’ici quelques années, l’Afrique sra un continent quasiment ou entièrement abolitionniste.

Si les congerssistes ont fêté à Berlin le 20e aniiversaire de la Coalition mondiale contre la peine de mort, il reste à poursuivre le combat abolitionniste contre cette “pratique cruelle” . Car malgré les énormes avancées obtebues en 2022, 52 Etats restent à ce jour rétentionnistes et 30000 personnes se trouvent dans les coulors de la mort.

Alors que 108 Etats sont désormais abolitionnistes pour tous les crimes, 8 autres le sont pour les seuls crimes de droit commun et 29 pays observent un moratoire sur les exécutions.

Article de l’ECPM (Ensemble contre la peine de mort)

Introduction

L’avocate iranienne, Nasrin Sotoudeh, militante de longue date des droits humains dans son pays, est la toute première lauréate du Prix Robert-Badinter, Grand prix du public, attribué aujourd’hui à Berlin, en conclusion du 8e Congrès mondial contre la peine de mort qui réunissait depuis le 15 novembre 2022 la communauté abolitionniste mondiale.

Dans une lettre transmise cette nuit l’avocate iranienne déclare :

Je demande au monde entier et à ce Congrès d’être les yeux et les oreilles des Iraniens en ces jours difficiles. Des jours où des jeunes gens qui ont utilisé leur droit légal de participer aux manifestations Femme, Vie, Liberté sont injustement condamnés à mort.

En changeant le comportement du gouvernement à l’égard des manifestants et en empêchant le système judiciaire d’exécuter les manifestants, on contribuera à abolir la peine de mort dans l’Iran de demain.

Ce prix du public est la reconnaissance de la communauté abolitionniste et plus largement de toute la communauté internationale pour le travail et le courage exceptionnel de cette femme engagée pour la défense des droits humains et l’abolition de la peine de mort en Iran », a déclaré Raphaël Chenuil-Hazan, le directeur général d’Ensemble contre la peine de mort (ECPM), organisatrice du Congrès.

Plus que jamais nous devons être solidaire du peuple iranien et c’est ce que ce Prix Robert-Badinter vient souligner , a-t-il conclu.

Mobilisation exceptionnelle

C’est sur cette note que s’achève le 8e Congrès mondial contre la peine de mort avec une participation record, plus de 1500 congressistes, venus de 128 pays, et une mobilisation politique sans précédent.

Trois pays africains, le Libéria, la Zambie et le Malawi ont profité de l’occasion pour annoncer leurs intentions d’abolir la peine de mort dans leur pays respectif au cours de la prochaine année. « Il s’agit là d’engagements majeurs », se réjouit Aminata Niakaté, la présidente d’ECPM, et qui confirme bien que l’Afrique pourrait bientôt devenir le prochain continent abolitionniste.

« Cela prouve aussi la nécessité de rendez-vous comme ceux-là pour atteindre notre objectif : l’abolition universelle de la peine de capitale », ajoute-t-elle.

La lettre de Nasrin Sotoudeh

Honorables organisateurs et participants du Congrès mondial contre la peine de mort

Avec tous mes respects,

J’ai été informée ces derniers jours que je faisais partie des quatre candidats au Grand Prix du Public Robert-Badinter.

Quelle belle opportunité de faire entendre nos voix au monde entier et surtout à votre prestigieux congrès à l’heure où les condamnations à mort jettent une ombre sur notre jeunesse contestataire en Iran.

Je ne sais pas encore avec qui j’ai l’honneur d’être nominée mais sans aucun doute, ils méritent tous plus ce prix que moi. Je vais d’ailleurs leur demander, ainsi qu’à tous les participants au congrès, de m’aider.

Moi, Nasrin Sotoudeh, avocate et prisonnière politique en Iran, je demande au monde entier et à ce congrès d’être les yeux et les oreilles des Iraniens en ces jours difficiles. Des jours où des jeunes gens qui ont utilisé leur droit légal de participer aux manifestations “Femme, Vie, Liberté” sont injustement condamnés à mort.

En changeant le comportement du gouvernement à l’égard des manifestants et en empêchant le système judiciaire d’exécuter les manifestants, on contribuera à abolir la peine de mort dans l’Iran de demain.

Ces jours-ci, l’opinion publique iranienne est plus proche que jamais de l’abolition de la peine de mort et s’aligne sur les objectifs de la communauté mondiale des droits de l’homme, qui visent à instaurer une vie fondée sur la paix, la justice et le droit.

Par conséquent, en tant qu’institution civile fiable, nous vous demandons de nous aider à instaurer la paix, la justice et l’abolition de la peine de mort ; que votre soutien et votre alliance pour faire entendre la voix des Iraniens en faveur de la justice soit le début de la fin de la peine de mort.

Avec mes meilleures salutations

Nasrin Sotoudeh Iran, Téhéran Novembre 2022